Vous avez sans doute déjà entendu parler de ces maisons miniatures en bois importées des États-Unis, les fameuses Tiny Houses. Ce sont de petites habitations mobiles posées sur remorque et donc facilement déplaçables. Elles ont le vent en poupe en ces temps où la vie nomade tente de plus de plus d’aventuriers des temps modernes. Elles sont aussi le point d’accès à la propriété pour les budgets serrés des jeunes couples qui ne peuvent accéder à une maison classique. Conçues pour être écologiques et autonomes, elles plaisent aux amoureux de la nature qui ont la bougeotte et veulent découvrir le monde, tel une tortue avec sa maison sur le dos ! Cela dit, quelques points de réglementation sont à connaître avant de se lancer dans l’aventure de la vie en Tiny House ! Voyons ensemble dans cet article tout ce qu’il y a à savoir sur ces mignonnes petites habitations.
La Tiny House, que l’on traduit par “maisonnette”, “petite maison” ou « micro maison » en français, a été lancée en 2002 par Gregory Johnson et Jay Shafer, créateurs de la société Small House. Dès 2005, des Tiny Houses apparaissent, solution pour bon nombre d’américains laissés sans toit par l’ouragan Katrina qui s’est abattu sur la Nouvelle-Orléans. La crise immobilière et le mouvement qui tend vers de nouvelles valeurs de vie ont contribué également à développer ce concept. Depuis, il a été largement diffusé et popularisé par des blogueurs et youtubeurs tombés sous son charme. Les sites et reportages se multiplient, nourrissant chaque jour davantage cet idéal de vie dans un habitat à la fois minimaliste, nomade et proche de la nature. Si vous voulez commencer à rêver de cette nouvelle vie en micro maison, rendez-vous sur Instagram !
Une légende raconte que la première Tiny House était française ! Elle aurait été créée par l’architecte et artiste de talent Le Corbusier, à l’attention de sa femme, en 1952. Déjà en bois, la maisonnette disposait de tous les équipements nécessaires au quotidien pour être totalement autonome. Une différence et de taille, elle n’était pas mobile.
Il est possible en quelques clics de trouver en France une carte interactive répertoriant les constructeurs de Tiny Houses tel que Baluchon, ainsi que tous les projets d’auto-construction en cours par des particuliers qui se lancent dans ce projet. Les photos qui accompagnent les posts, où l’on voit ces petites maisons sur les routes ou dans des décors paradisiaques laissent rêveur… Cela dit, la prudence est de mise chez nous en France car ces petites habitations roulantes sont encore assez peu reconnues par les autorités et les assurances.
Les adeptes vous diront à l’unisson que maintenant qu’ils ont goûté à la vie en mini-maison, ils ne reviendraient pour rien au monde à un mode de vie classique. Ils se réjouissent d’être libérés des contraintes d’une maison ou d’un appartement. Ils disent se sentir plus libres, libres de partir et de s’établir où leurs envies les mènent, le tout en consacrant une partie bien inférieure de leur budget dans leur logement. Cette mobilité est l’atout numéro un pour de nombreux adeptes de cet habitat écologique à taille humaine. Beaucoup sont heureux de s’être débarrassé du superflu pour ne garder que l’essentiel. Ce mode de vie est une alternative séduisante pour des personnes souhaitant vivre simplement, en harmonie avec la nature et à moindre frais car faire le choix de vivre en Tiny House, c’est revenir à une manière de vivre plus naturelle, plus proche de l’environnement et dans le respect des valeurs environnementales.
Il est possible de vivre seul, en couple ou en famille dans une mini-maison. La Tiny House s’adapte à votre mode de vie et au nombre d’occupants. Il existe des modèles pour 2, 4 et même 6 personnes. La personnalisation peut être très poussée, avec entre autre la possibilité d’y ajouter une terrasse.
Pour le même prix, il est possible de choisir d’acquérir une Tiny House plutôt qu’un appartement de petite surface. Et cette maison-là, contrairement à une habitation en dur, pourra se déplacer pour vous offrir différents panoramas. Si l’idée de rester toute une vie au même endroit vous effraie, la Tiny House est somme toute une alternative à étudier. Car si au premier regard, elle peut faire penser aux néophytes à une maison de poupées, elle est en réalité d’un grand confort et a tout d’une grande ! Plus confortable à bien des égards qu’une cabane ou qu’une roulotte, elle présente surtout l’atout de pouvoir être déplacée aisément (mais pas quotidiennement, ce qui s’éloignerait du concept de base).
La surface des Tiny Houses varie entre 8 et 20 m². Elle se différencie du caravaning – comprenez camping-car, mobile home ou caravane – par sa conception thermique qui se veut plus proche de celle des maisons traditionnelles. Son isolation et son étanchéité de haute performance lui permettent d’être habitable à l’année, quelles que soient les températures extérieures.
Ses dimensions réduites exigent que chaque centimètre carré de surface, voire de volume, soit optimisé. Les concepteurs et les auto-constructeurs doivent penser l’aménagement intérieur pour qu’il se révèle pratique et confortable au quotidien, sur une surface habitable considérablement restreinte. Mais force est de constater que de nombreuses astuces de rangement ou de disposition des meubles et objets, permettent un aménagement intérieur d’une habitabilité tout à fait satisfaisante.
Il existe dans le monde des Tiny Houses des modèles de formes et de dimensions différentes. En France cependant, la vôtre ne devra pas dépasser les dimensions réglementaires pour espérer pouvoir circuler sur nos routes.
La hauteur ne doit pas dépasser 4 mètres (c’est mieux pour passer sous les ponts !), sa largeur 2,55 mètres et sa longueur 12 mètres (sans le véhicule tracteur). La longueur maximale autorisée ‘véhicule + remorque’ est de 18 m. Son poids total roulant autorisé (PTRA), donc avec la remorque, ne doit pas excéder 3,5 tonnes et sa surface être au maximum de 20 m². Attention, la remorque pèse déjà à elle seule dans les 500 kg.
Le permis E est indispensable pour conduire un véhicule avec remorque. Les Tiny Houses sont souvent tractées par des véhicules de bonne puissance comme les 4×4, les tracteurs, les camionnettes ou les pick-up.
Si votre Tiny House venait à dépasser les mesures préconisées, il vous faudrait obtenir un permis de construire et tout déplacement de votre mini-maison serait considéré comme un transport de convoi exceptionnel, avec tout ce que cela implique…
Votre Tiny House doit évidemment être assurée, mais rares sont les agents qui acceptent d’assurer à la fois la maisonnette et le véhicule, car le recul en France sur les risque d’incendies, de vols ou d’autres sinistres est encore bien flou. Une astuce consiste à prendre une assurance “mobile-home” et à prévenir votre agent d’assurance dès que vous prévoyez un déplacement. Solution évidemment viable que si vos déplacements restent rares.
Nous ne vous surprendrons pas en vous répondant que non, on ne peut pas installer sa Tiny House n’importe où. La loi est claire, une résidence mobile telle qu’une Tiny House doit stationner sur un camping en tant qu’habitat saisonnier. Comme pour tout véhicule de loisirs, son propriétaire est alors redevable d’une taxe de séjour. Il est bon cependant de noter que depuis 2014, la loi ALUR (Accès au Logement et Urbanisme Rénové), autorise les Tiny Houses à stationner sur des places « pastilles », des emplacements prévus à cet effet, au même titre que les caravanes. Cependant les communes ayant mis à jour leur plan d’urbanisme depuis le passage de la loi se font rares…
Dans les faits, la plupart des heureux propriétaires de Tiny Houses stationnent sur un terrain privé, qu’il soit acheté, loué ou occupé avec l’accord du propriétaire. Si elle n’est pas habitée, la micro-maison peut y rester 3 mois sans aucune autorisation ; mais si vous prévoyez d’y vivre, il vous faudra faire une déclaration préalable auprès de la mairie de la commune. Il vous faudra alors vous acquitter de la taxe sur les résidences de 150 € par an environ.
Il existe bien quelques constructeurs de Tiny Houses en France (une douzaine sur tout le territoire : Bretagne, Normandie, Pays-Basque, Vendée…), mais ce concept est surtout pensé pour l’auto-construction. On peut trouver de multiples exemples de plan sur internet, mais attention, il vous faudra prévoir un investissement conséquent en temps et en huile de coude ! Il faut compter entre 6 et 12 mois de travaux, et encore, avec de solides connaissances en bricolage ! Des groupes Facebook et autres forums spécialisés sur la question existent naturellement sur internet et fourmillent de conseils et astuces sur toutes les étapes d’un projet de Tiny House. Si vous n’êtes pas un bricoleur averti et que vous n’avez pas le budget pour acquérir un Tiny House neuve toute faite, jetez un œil sur le site Leboncoin ou directement sur la page du collectif Tiny House, il y a souvent des modèles d’occasion en vente. Vous pouvez aussi trouver des fabricants de Tiny House sur Bordeaux, Nantes ou encore Toulouse.
Bien sûr, la surface réduite d’une micro-maison lui permet de chauffer rapidement. Son isolation, meilleure que celle d’une caravane ou d’un camping-car, est prévue pour que ses habitants puissent y vivre à l’année. Son impact énergétique est relativement faible. Il est possible de la raccorder aux réseaux d’eau et d’électricité, mais elle peut aussi être complètement autonome quelques jours durant grâce à des panneaux photovoltaïques et un système de filtration des eaux de pluie et de collecte des eaux usées.
C’est un des objectifs recherché par les Tinystes : ne dépendre de personnes. Il faut cependant prévoir des équipements prévus à cet effet et avoir de bonnes connaissances au préalable. Ça ne s’improvise pas ! Le chauffage et la cuisine trouvent facilement leur solution d’autonomie par le gaz, mais pour l’eau, l’électricité et la gestion des sanitaires, les choses se compliquent et le matériel pour être autonome sur ces postes peut se révéler très coûteux. Des panneaux solaires ajoutés à la Tiny House permettent de gagner en autonomie, si le soleil se montre… Des batteries ? Elles sont extrêmement lourdes et rajoutent au poids de la petite habitation. Le bois peut être pensé comme une énergie renouvelable très avantageuse, qui évite d’avoir recours aux énergies fossiles que sont le gaz et le pétrole, mais il faut s’approvisionner et le stocker… Une alternative plus simple est de stationner sur des terrains raccordés en eau et en électricité.
Bien sûr le budget à prévoir sera différent que vous la vouliez neuve, d’occasion, ou à construire vous-même.
Le prix d’un Tiny House neuve chez un constructeur tourne autour de 40 000 €, avec des variations selon les modèles, la qualité des finitions ou l’agencement intérieur qui font varier les prix entre 20 et 70 000 €. En auto-construction, les matériaux bruts nécessaires coûtent dans les 15 000 €. Une remorque coûte à elle seule environ 6 000 €.
Si l’on ramène le prix d’une Tiny House au mètre carré, nous sommes à environ 2 500 €/m², ce qui est plus élevé que le prix au mètre carré d’une maison traditionnelle qui lui se situe dans les 1 800 €/m². Ceci s’explique par le prix de l’équipement dont le prix est incompressible. Mais au prix total, elle est évidemment moins chère qu’une maison en dure et permet donc aux petits budgets un accès à la propriété.
Gardez à l’esprit que l’ossature bois de votre Tiny House demandera un entretien extérieur régulier.
Le réseau routier français n’est pas dans le meilleur état possible, ceci n’est un secret pour personne. On pourra craindre pour la remorque à long terme et pour les assemblages de la Tiny House si les déplacements se répètent. Une chose est sûre, une conduite extrêmement prudente et raisonnable s’impose lorsqu’il s’agit de transporter sa mini-maison.
Attention à bien se projeter avant de se lancer. On idéalise parfois ce mode de vie mais le manque d’espace, la promiscuité, le manque d’intimité et le confort minimaliste peuvent être pesant au long court et être mal vécus.
Ce concept de mini-maison interpelle. Son prix est plus faible que celui d’une extension ou d’une habitation traditionnelle et adieu taxe foncière et taxe d’habitation ! Elle est mobile et offre une expérience de vie incomparable et unique. Elle incite à réduire sa consommation en évitant l’achat de matériel non indispensable (pas de place !), et prône donc un mode de vie minimaliste. Sa décote est faible tant son succès est grand, donc si vous changez d’avis ou que la famille s’agrandit et que vous souhaitez revenir à la sédentarité, vous pourrez la revendre sans aucune difficulté !