Composé d’une grande diversité de métiers d’art et d’autant de savoir-faire, le secteur de l’artisanat d’art constitue un pan essentiel de notre patrimoine culturel. Qu’il travaille le bois, le verre, le métal ou encore le textile, l’artisan d’art met en pratique sa maîtrise de gestes hérités de l’artisanat traditionnel ou applique des techniques de fabrication plus modernes. Il est également un acteur essentiel de la conservation du patrimoine lorsqu’il choisit de se spécialiser dans la restauration de biens culturels. Métiers, formations, débouchés, quelles sont les caractéristiques de l’artisanat d’art ?
Qu’est-ce l’artisanat d’art ?
Depuis 2016, la loi française reconnaît l’artisanat d’art comme un secteur professionnel à part entière. Elle le définit ainsi : « relèvent des métiers d’art, […] les personnes physiques ainsi que les dirigeants sociaux des personnes morales qui exercent […] une activité indépendante de production, de création, de transformation ou de reconstitution, de réparation et de restauration du patrimoine, caractérisée par la maîtrise de gestes et de techniques en vue du travail de la matière et nécessitant un apport artistique ».
Autrement dit, l’artisan d’art est un professionnel qualifié salarié ou indépendant dont le rôle consiste à façonner la matière, grâce à l’exécution de savoir-faire traditionnels ou innovants. En fonction de son corps de métier, il peut alors se consacrer à :
- la création d’objets : l’artisan fabrique et vend des objets ou accessoires tout droit sortis de son imagination ou honore les commandes personnalisées de ses clients. Il s’agit majoritairement de production de pièces uniques ou en séries limitées ;
- la reproduction : le professionnel applique des techniques traditionnelles pour reproduire des objets existants ou s’en inspirer ;
- la prestation de services artisanaux : l’artisan d’art intervient dans la fabrication, la réparation ou la transformation d’éléments de décoration par exemple. C’est notamment le rôle des peintres-décorateurs, des tapissiers d’ameublement, des tailleurs de pierre, etc. ;
- la restauration : dans une approche de préservation du patrimoine, le restaurateur a pour mission de réparer, consolider ou reconstruire des biens mobiliers ou immobiliers appartenant à notre patrimoine artistique et culturel. Certains professionnels du secteur privé, comme les antiquaires, peuvent également faire appel à ses services.
La grande diversité des métiers d’art
De la mosaïque à la maçonnerie en passant par les luminaires ou le textile, le secteur de l’artisanat d’art couvre une grande diversité de corps de métiers. L’INMA (Institut National des Métiers d’Arts) répertorie ainsi pas moins de 281 métiers d’art répartis en 16 catégories :
- les métiers de l’ameublement et de la décoration : marqueteur de paille, mosaïste, ébéniste, peintre en décor, sculpteur sur bois, etc. ;
- les métiers de l’architecture et des jardins : charpentier, couvreur-ornemaniste, fontainier, jardinier du patrimoine, maçon du patrimoine bâti, vitrailliste, etc. ;
- les métiers de la bijouterie, la joaillerie, l’orfèvrerie, l’horlogerie : lapidaire, horloger, gemmologue, etc. ;
- les métiers de la céramique : céramiste, décorateur sur céramiste, santonnier, etc. ;
- les métiers liés au travail du cuir tels que bottier, fabricant de chaussures, gantier, maroquinier, etc.
- la facture instrumentale : archetier, luthier, facteur et restaurateur d’instruments ;
- jeu, jouets et ouvrages mécaniques : fabricant de marionnettes, de poupées et peluches de collections, de jouets, mais aussi fabricant de manèges carrossier, etc. ;
- les métiers du luminaire : fabricant de luminaires et d’abat-jours ;
- les métiers liés au travail du métal : armurier, dinandier, coutelier, bronzier, etc. ;
- les métiers de la mode et des accessoires : chapelier, couturier, fabricant de cannes, de parapluie, etc. ;
- les métiers du papier, du graphisme et de l’impression : calligraphe, enlumineur, fabricant d’objets en papier ou carton, imprimeur en lithographie, en sérigraphie, etc. ;
- les métiers du spectacle : costumier, fabricant de décors, de masques, d’accessoires, etc. ;
- les métiers de la tabletterie : nacrier, pipier, écailliste, etc. ;
- les métiers de l’artisanat du textile : brodeur, dentellier, feutrier, etc. ;
- les métiers du façonnage du verre et du cristal : verrier à la main, verrier décorateur, verrier fondeur, verrier au chalumeau ;
- les métiers de la restauration de biens culturels : on y retrouve de nombreux métiers d’art. Parmi les plus sollicités figurent les professions de tailleur de pierre, vitrailliste, tapissier ou encore ébéniste.
Les formations pour devenir artisan d’art
Plus de 1 000 établissements proposent des formations aux métiers d’art. Si plusieurs cursus existent pour devenir artisan, l’apprentissage est largement recommandé. En effet, quel meilleur moyen d’apprendre un métier manuel qu’une mise en pratique et une formation auprès d’un artisan ou d’un maître d’art expérimenté ?
Le CAP (Certificat d’aptitude professionnelle) qui se déroule en général sur deux ans après la 3e permet d’acquérir les bases du métier. Il est suivi du BMA (Brevet des métiers d’art) qui se prépare lui aussi en deux ans. Uniquement en alternance, il sert à approfondir sa technique.
Basé sur la pratique, le bac professionnel AMA (Artisanat et métiers d’art) est, quant à lui, indispensable pour se former à certains métiers. Il dure trois ans et a pour but de renforcer ses savoir-faire et de pouvoir prétendre à plus de responsabilités. Sept options sont proposées :
- tapisserie d’ameublement ;
- facteur d’orgues-tuyautier ;
- facteur d’orgues-organier ;
- verrerie scientifique et technique ;
- métiers de l’enseigne et la signalétique ;
- communication visuelle plurimédia ;
- marchandisage visuel.
Le bachelier peut ensuite préparer en trois ans le Diplôme national des métiers d’art et design (DN MADE). Il forme concrètement au métier d’artisan d’art par le biais de la réalisation de projet en atelier, plaçant l’étudiant en situation professionnelle. Différentes mentions sont envisageables en fonction du métier et des spécialisations choisies.
Enfin, devenir restaurateur d’objets d’art ou de biens culturels nécessite l’obtention d’un Master en conservation et restauration. C’est en particulier le cas dans le cadre d’interventions sur les collections des Musées de France.
Quels débouchés pour les métiers d’art ?
En raison de sa grande variété, l’artisanat d’art s’avère hétérogène en termes de débouchés. Les secteurs de la maroquinerie de luxe, de l’ameublement ou encore de la bijouterie par exemple parviennent à tirer leur épingle du jeu. Selon l’ISM (Institut supérieur des métiers), la bijouterie représente environ 20 % des petites et moyennes entreprises du secteur et l’ameublement, 30 %. Le textile, par contre, subit la concurrence étrangère et sa main-d’œuvre bon marché.
Les professionnels des métiers d’art ont plusieurs possibilités pour exercer leur activité artisanale. Ils peuvent notamment travailler pour des institutions culturelles. C’est le cas par exemple des professionnels des Arts du spectacle qui réalisent les accessoires, costumes ou décors des théâtres.
Toutefois, la majorité des artisans d’art choisissent le statut de travailleur indépendant. On compte en effet près de 50 000 entreprises, dont une majorité de PME (Petites et moyennes entreprises).
Les restaurateurs d’art, quant à eux, sont principalement missionnés par les collectivités territoriales et les institutions publiques (monuments historiques, bibliothèques, musées), mais aussi pour des particuliers (antiquaires, marchands d’art, salle de vente).
Diversifié et dynamique, le secteur des métiers d’art est avant tout une affaire de professionnels passionnés. Quelle que soit sa spécialité, l’artisan met son habileté au service du beau et de l’utile. Il participe de cette façon à la transmission des savoirs tout en s’adaptant aux innovations de son temps.